Bleus péï & Vision créole
L'Hôtel des postes vous invite a découvrir la première exposition de l'année "Bleus péï & Vision créole" de Jean-Michel Olivetti et Saša ŠUŠTERŠIČ.
Vision créole
Biographie
"Bonjour à tous, je m’appelle Jean-Michel Olivetti
C’est lors de ma première exposition à la lumière que tout commença. Le 29 août 1959 à Saint-Denis, face à la joie de mes parents et de ma famille, mon premier public, j’ai rapidement compris que le but de toute exposition est d’apporter la joie au public.
A 11 ans, je suis entré au collège Saint Michel, j’ai suivi la section d’Arts Plastique et d’Artisanat. J’ai appris à faire de la pyrogravure, a dessiner et à peindre. Aussi, j’ai étudié l’histoire de la peinture durant 3 ans.
J’ai hérité mes compétences artistiques de mes parents, car ma mère était une technicienne de laboratoire photo et mon père était un bon maçon -mosaïste.
Après avoir aidé un peu mon père quand j’étais jeune et contribué à aider ma famille financièrement, car à cette époque la vie était difficile, j’ai essayé de me trouver une place dans la société. J’avais un moral de battant.
A l’âge de 18 ans, j’ai commencé à travailler au « Quotidien » comme dessinateur-maquettiste. J’ai travaillé aussi dans une agence de publicité, « Agence promotion » et ensuite à « Azalées Edition ». Dans cette maison d’édition, j’ai travaillé d’arrache-pied, le poids des responsabilités était si énorme, que j’ai eu un burnout. J’ai fait une dépression, une fois sorti de la maison de repos, je me suis mis à pendre.
Malgré tout ce que j’ai traversé, j’ai toujours pris du plaisir à peindre et j’ai même fait quelques expositions collectives.
La peinture m’apaise, c’est une thérapie pour moi. Elle n’a pas été pour moi mon plus grand travail mais a été pour moi ma plus grande trouvaille. C’est une passion que j’exerce avec plaisir.
Quand je commence à peindre, c’est comme si je faisais un voyage à travers les couleurs, je crée alors des paysages et des scènes de vie créole. Ainsi, cette exposition aura pour but de décrire ce qui m’a touché.
Pour reprendre la citation d’Edward Hopper, célèbre peintre américain « si je pouvais le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de peindre » ; c’est pour cela donc que je transfère mes émotions dans mon pinceau, je cherche l’équilibre des couleurs, je joue avec les ombres et les formes, je crée de la profondeur afin que les tableaux racontent une histoire qui peut toucher la sensibilité.
Ainsi, « Vision créole » offre un kaléidoscope de souvenirs sur la vie d’antan ou même sur ce qu’on pourrait appeler le « bon vieux temps » selon les créoles. Ce temps-là n’est pas si loin, il est à l’intérieur de nous, réveillons nos souvenirs ou alors découvrons-le pour apprécier cette île de La Réunion qui paraissait comme un havre de paix, un écrin de verdure.
C’était le paradis, on ne parlait pas encore de la pollution et de ses conséquances, on ne parlait pas de violances, avec des hommes et des femmes forts qui incarnaient le respect.
A mon plus grand regret, aujourd’hui, nous sommes dans un monde capitaliste, ce désir insatiable que nous avons de posséder toujours plus de biens, nous éloigne quelquefois de ce qui a de pourtant simple a acquérir : le bonheur d’apprécier ce qu’on a déjà, nos relations avec notre famille et amis, nos traditions, nos plages, nos musées, nos aires de pique-nique et il faut entretenir ce bonheur, comme si c’était une de nos belles plantes créoles."
Jean-Michel Olivetti
Bleus Péï
Biographie
Saša ŠUŠTERŠIČ est née le 20 juin 1977 à Ljubljana, en Slovénie. Diplômée en 1996 de l’Ecole Nationale de Design et de Photographie de Ljubljana, elle poursuit ses études artistiques à l’Académie Nationale d’Art et de Design jusqu’en 2001, date à laquelle elle obtient son diplôme national de professeur certifié, sous la direction du professeur Emerik BERNARD. Elle enseigne dés lors le dessin, la peinture, et l’histoire de l’art au Lycée du Design et de la Photographie de Ljubljana, ainsi qu’à l’université des Arts Manuels jusqu’en 2014. Impliquée dans plusieurs projets d’étudiants, elle illustre entre 2003 et 2007 des magazines pour enfants (Janez Bitenc). Parallèlement à ses activités d’enseignante, elle peint et expose régulièrement ses oeuvres principalement en Slovénie (Maribor, Ljubljana,…) mais également en Croatie (Zagreb) et à La Réunion. En juillet 2017 elle quitte la Slovénie et s’installe à la Réunion où elle se consacre uniquement à sa passion: peindre… !
"L’exposition est dédiée à la beauté magique qui nous entoure. C’est une forme d’hommage aux profondeurs de tous les « Bleus Péï ».
On peut admirer ce monde de différentes manières. On peut toujours l’admirer « ici et maintenant », comme si on pressait le déclencheur de l’appareil photo, en un clin d’oeil, l’image est sauvegardée, tout au fond de nous-mêmes. Qu’est ce qui est sauvegardé ? ça dépend de chacun…ce peut être les formes, les odeurs, les sons, ce qui se passe…Les couleurs, ou une substance indéfinissable ? Est-ce que quelque chose est sauvegardé, finalement ? Sommes-nous capables d’apprécier le moment et ce qui est réellement là ? Sommes-nous conscients de l’impermanence des choses et des mutations de notre propre monde ?
Il y a tant d’évènements personnels qui m’enrichissent secrètement. La plupart sont fait de lumières et de couleurs. Les formes sont secondaires et se révèlent sous des apparences abstraites. En tant qu’être humain, en tant qu’artiste, mon but est de montrer aux gens la beauté des choses, du monde, et de tout ce qui nous entoure.
Critiquer, les choses et les gens, c’est devenu commun aujourd’hui. C’est vrai que l’art est une critique de notre société, un miroir de ce qui s’y passe, mais pas à tout prix, pas sans limites. Dans les échanges entre les gens, peut-être cette limite a-t-elle été franchie ces derniers temps. Pourquoi ne pas faire l’inverse et revenir à l’instinct premier, enfantin, l’amour simple des choses ? On a perdu cette candeur en chemin. Faisons marche arrière, changeons d’énergie et les choses vont peut-être évoluer dans le bon sens. Cette énergie enfantine, puérile pour certains, est magique. La naïveté est précieuse. On voit bien dans notre lexique personnel la référence permanente à l’enfant. L’enfant qui est en nous est la créature la plus innocente ; celle qui absorbe le plus d’informations. Pourtant, dans ce même lexique, la naïveté ne cesse d’être associée aux mots « inexpérience, simplicité, crédulité ». De nos jours, il est difficile de faire confiance d’emblée. Pour autant, rappelons-nous que notre nature profonde nous fait naître « honnêtes », dignes de confiance, et dignes d’être aimé. Alors, la naïveté prend un tout autre sens.
En complément de cette joie, de cette fraîcheur originelle et sauvage qui me constituent, il y a l’élégance sophistiquée, et l’ordre discipliné qui m’attirent. La joie et l’élégance sont au coeur de ma démarche artistique ; elles se combinent. Ces deux énergies, paraissant opposées, peuvent-elles surgir de concert sur une toile ? À vous d’en juger.
J’utilise l’Impressionnisme, où les couleurs émergent avec une multitude de vibrations, avec une expression sensuelle qui exagère les couleurs, les distord, même, pour en révéler les émotions les plus profondes. Les émotions du spectateur sont provoquées par l’usage libre et agressif des couleurs. En employant le Symbolisme, qui donne de nouvelles visions du sens des images, en utilisant les gestes d’Avant-garde, et l’Expressionnisme abstrait, je me sens libre de bouger les lignes sans limites, d’apposer les couleurs sans contours, et d’exprimer mes émotions sans réalisme. J’ai toujours en tête les émotions que je peux susciter chez le spectateur. Je pense que le Colorisme est ma priorité. Donc, c’est un éclatement gai et riche de couleurs dans lequel je recherche les contrastes et l’harmonie des jeux de lumières dans les différentes teintes.
Dans cette exposition « Bleus Péï », j’ai cherché tous les bleus présents dans l’île, et je me suis laissée porter par tout ce que ces bleus pouvaient offrir mes tableaux.
J’évite l’application soignée et méthodique des couleurs, ou toute forme de préparation. Je veux recréer la vision brute, telle qu’elle est imprimée dans ma mémoire, directement tirée de l’observation de la nature. Pour ces raisons, je mets de côté les brosses et pinceaux. Je peins avec mes doigts et mes paumes de mains, laissant la vision devenir illusion. Tout est illusion.
J’espère que l’observateur de mes toiles ressent intensément la beauté de la nature. La nature y est montrée au sens métaphysique. Les formes des objets deviennent des représentations stylisées et abstraites. Je veux mettre en scène l’Essence et les Pulsations de la nature.
La nature m’attire dans son essence même, dans ses rythmes exotiques. L’exotisme du monde et des couleurs est subjectif car propre à chacun d’entre nous. L’exotisme est relatif ; il dépend de la perspective et de la distanciation de l’artiste. C’est pourquoi je peux toujours représenter la part mystique du monde tout en en étant ici, maintenant.
Mes toiles expriment mon puissant désir de préserver la beauté qui existe tout autour de nous. Faisons disparaître tout ce qui est inutile, et concentrons-nous sur la beauté. La puissance de la nature est présente dans toute sa générosité. Je me concentre sur sa pureté, et ce, sans présence humaine. Même dans la recherche de la beauté, je représente des scènes dramatiques à travers les contrastes de couleurs. Je convertis un signal sensoriel en images. Ainsi le signal est intimement relié aux couleurs, et donne à l’image sa charge émotionnelle.
Je crée cet univers à l’aide de matériaux, des « fragments » de nature que je colle et qui se transforment en volumes sur mes toiles.
Aussi, je peux dire que mes créations appartiennent à l’univers joyeux de l’enfance, et même fièrement revendiquer un art naïf. C’est comme la joie d’un enfant qui illustrerait en couleur l’univers ludique que la nature garde secret.
Arrêtons-nous un moment, et écoutons cette nature. On sent ses pulsations ; dansons en rythme avec elle !
Saša ŠUŠTERŠIČ