A fleur de courbes
- Catégorie : Exposition
Le projet À fleur de courbes, porté et accompagné par l’association Solidarités et Cultures de Saint- Leu, est né d’une rencontre entre la comédienne Sylvie Debras et le photographe Laurent de Gebhardt.
Leur échange s’est d’abord noué autour du spectacle « Grosse! », où l’humour sert de tremplin à la confidence, à la lutte contre les préjugés, à la réappropriation d’un corps souvent pointé du doigt. L’exposition poursuit ce mouvement : elle s’attarde sur la beauté des présences, sur la densité des peaux, sur la lumière qui épouse les courbes comme on caresse une vérité.
Les photographies révèlent des corps réels, nus, toujours offerts au regard avec pudeur et sincérité. Elles dialoguent avec des voix — celles des modèles, recueillies par Sylvie Debras, traduites et traversées par la parole poétique d’Anny Grondin.
Chaque portrait devient alors un espace de réconciliation : entre l’intime et le visible, entre la souffrance et la joie d’exister pleinement.
À fleur de courbes ne cherche pas à expliquer, ni à dénoncer, mais à faire ressentir. À travers le poids des mots et les mises en scènes colorées, l’exposition invite à repenser la beauté, à redonner au corps son droit d’être un territoire d’art et de dignité.
Ici, les modèles ne posent pas, ils se déposent — dans un geste, une respiration, un abandon à eux-mêmes. Ces corps ne cherchent pas le regard des spectateurs-ices : ils dialoguent avec leur propre lumière, ils s’écoutent, se redécouvrent.
Chacun d’eux incarne une poésie du mouvement, un chant discret adressé à soi-même — une façon de dire, sans mots, que la beauté commence là où l’on cesse de se juger.
Dans ce dialogue entre image et parole, c’est toute une île qui se reflète — multiple, sensible, à fleur d’humanité.
DÉMARCHE ARTISTIQUE
Les artistes impliqués dans le projet ont rencontré les modèles lors de leur interview par Sylvie Debras. La grille d’entretien est élaborée pour que chacun.e des enquêté.es puisse s’exprimer sur les facteurs déclenchant et l’évolution de son obésité, sur son vécu au quotidien ainsi que sur l’éventuelle stigmatisation dont elle ou il est l’objet. Ces interviews seront disponibles à l’écoute à l’aide de QR codes à proximité des photos de l’expo. Les photos ont été conçues, réalisées et post-produites par Laurent de Gebhardt à son atelier situé au Tampon. L’association de Saint-Pierre, le poids des mots, qui oeuvre à la sensibilisation de la population sur les questions liées à l’obésité et la maison de santé, ti-baobab, de la Riviere-Saint-Louis sont partenaires du projet.
Le jour du vernissage de l’expo photo, Anny Grondin dira son conte intitulé « Rondo », accompagnée de Gilbert Pounia du groupe Ziskakan.
ARTISTES INTERVENANTS :
Sylvie Debras est autrice-interprète de la pièce Grosse ! jouée environ 140 fois pour 13000 personnes, dont près de 20 représentations à la Réunion dans les salles de l’île pour tout public mais aussi pour du public scolaire. Elle est docteure en sciences de l'information et de la communication et sa thèse portait sur la place et l’image des femmes dans les médias. Elle est titulaire d’un DEA de linguistique et d’une licence de psycho. Journaliste, elle a donné de nombreuses conférences, notamment à la Réunion.
Anny Grondin est une conteuse réunionnaise dont le bilinguisme est un puissant atout pour ce projet. Conteuse de la première heure dans les années 80, à une époque où il y avait urgence à ne pas oublier la parole des « gramoune » (des anciens), de la sortir du « fénoir » et de conquérir de nouveaux espaces de parole. Elle fait partie du monde créole. Elle est titulaire d’une licence lettres – option créole de l’université de la Réunion.
Laurent de Gebhardt est photographe. Son travail s’oriente depuis quelques années vers une écriture visuelle proche du récit. Ses images ne cherchent plus à capturer, mais à raconter. Chaque photographie est un fragment d’histoire, une scène suspendue, bâtie avec la lumière comme matière première — une lumière travaillée, habitée, presque sacrée, à la manière des peintres flamands. Ses personnages, souvent seuls, presque immobiles, portent des silences plus éloquents que les gestes. À travers leurs regards ou leur présence muette, il explore les états de l’âme, les contrastes entre ombre et lumière, tourmente et apaisement, retrait et présence.
